Un café, s'il vous plaît ?
A mieux y regarder, il n'y a pas que les oies qui détonnent dans ce jardin : au lieu des hêtres et des marronniers, ce sont des pins maritimes, des chênes verts et même quelques palmiers qui ornent les parterres. Quelques photos de son jardin version 2100 devraient faire plaisir au Président. Je pousse une grille et me retrouve dans la rue.
Mais où sont passés les bâtiments gris et austères que je connaissais ? A la place, des immeubles verdis, des points d'eau, des doubles cloisons pour protéger de la chaleur. Si tout a autant changé, je vais avoir du travail pour faire mon rapport.
Des oies cendrées...
Les ornithologues ont étudié les effets du changement climatique sur les zones où vivent différents oiseaux. « Certaines espèces africaines devraient coloniser l'Espagne et le sud de la France, explique Frédéric Jiguet, ornithologue au Muséum national d'histoire naturelle. En France, les espèces nordiques seront de moins en moins présentes tandis que les espèces méditerranéennes vont remonter vers le nord : la fauvette mélanocéphale par exemple est déjà arrivée en Côte-d'Or. » Les migrations des oiseaux devraient aussi s'adapter aux changements climatiques. « C'est déjà le cas de cigognes ou d'hirondelles qui passent l'hiver en France et survivent car les températures restent douces », poursuit Frédéric Jiguet. On a ainsi recensé, en 2011, 28.000 oies cendrées hivernant en France, contre seulement 10 en 1968.
Des pins maritimes...
D'après un rapport de l'Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) publié en décembre 2014, les espèces d'arbres françaises seront impactées par le changement climatique, qui « devrait se traduire à terme par un réarrangement progressif de leur répartition géographique. Ainsi l'augmentation des températures permet aux espèces de s'installer plus au Nord ou plus en altitude. » Par exemple, le pin maritime, originaire de climats chauds pour notre pays (Aquitaine et zone méditerranéenne), devrait prospérer dans la moitié nord de la France, précise le rapport et les zones climatiquement favorables au chêne vert devraient s'étendre.
Du café...
D'après une étude scientifique publiée en 2012 dans Plos One, la culture de l'arabica pourrait être compromise dans de nombreuses régions du globe à cause du réchauffement climatique. Représentant 70% du café cultivé dans le monde, l'arabica est très sensible au climat. Les chercheurs ont estimé que d'ici à 2080, les zones propices à sa culture pourraient diminuer de 80 à 100%.
Une étude publiée en avril 2015 dans Plos One révèle que les aires de culture de l'arabica pourraient être modifiées par le changement climatique. Les principaux producteurs, Brésil, Vietnam, Indonésie et Colombie qui représentent 65% du marché, devraient connaître de sévères chutes de rendement. Les cultures devraient en moyenne se déplacer de 300 à 500 m en altitude, ce qui sera possible en Ethiopie et au Kenya où les zones de culture existantes se concentreront sur des espaces plus réduits. Le prix de l'arabica, compte tenu de la chute de l'offre, devrait ainsi fortement augmenter.
J'entre dans un bistrot pour prendre des forces.
« Un café, s'il vous plaît. » Le barman me répond :
« Du café ? Ca fait longtemps qu'on n'en a plus, mon bon monsieur. Pourquoi pas du jus de licorne pendant qu'on y est ! »
Lire cette suite
« Je vous préviens, il vient d'Ethiopie et c'est pas donné. »
Lire cette suite