Episode I : L'éveil des fans

Callisto a hâte de « retrouver ses amis »

« J’ai versé une petite larme… », avoue Callisto. Après une minute trente de bande-annonce, son cœur est plein et ses digues finissent par céder. Harrison Ford en tenue de Han Solo et son fidèle Chewbacca ont eu raison de son scepticisme. « C’était comme de retrouver des amis que l’on n’aurait pas revus depuis trente ans », lâche la jeune femme de… 29 ans. Cette vidéo, la première de l’année annonçant la sortie du Réveil de la Force, l’épisode VII de Star Wars, est repassée devant ses yeux une dizaine de fois depuis le mois d‘avril. D’abord, pour le plaisir et par obsession du détail, ensuite. Callisto n’est, en effet, pas une fan lambda : elle gravite littéralement dans l’univers créé par George Lucas.

Depuis les débuts de la saga, en 1977, des milliers de passionnés comme elle apportent leur pierre à l’édifice de La Guerre des étoiles. Certains écrivent des nouvelles. D’autres réalisent des courts-métrages, alimentent des blogs... Cheveux mi-blonds, mi-roses, Callisto, elle, se costume. Elle est membre de la garnison belge de la « 501e Légion », une association reconnue et employée par Lucasfilm sur les événements officiels.

Tout comme les « Prospectors ». Soit le petit nom de son autre association chargée de construire des décors et accessoires de Star Wars à taille réelle. « Pour reprendre les mots de Yoda, ‘’la taille importe peu’’, rigole-t-elle. Chaque fois, on vise plus gros ! » Et elle ne parle pas que de la réplique de Jabba le Hutt de deux mètres sur quatre – en grillage à poules et papier mâché – qui a fait le tour du monde des conventions Star Wars. Tout ça sur invitation et accompagné de ses créateurs, trop heureux de faire partie du voyage.

« Des passionnés polyvalents »

Il y aurait fan et fan. Un peu de nuances ne nuiraient pas au sujet, selon Jean-Baptiste Clais, ethnologue et auteur d’un mémoire sur les fans de Star Wars. « Il y a une incompréhension assez large de ce phénomène. On a l’image déformée de quelqu’un dont tout l’espace est envahi par sa passion. En vérité, on fait l’amalgame entre une multitude de pratiques. »

Le chercheur note quand même un certain nombre de similitudes parmi les amoureux de La Guerre des étoiles, qu’ils collectionnent des figurines, alimentent la page Wikipédia de la saga ou apprennent à manier le sabre. « J'ai rarement vu un fan de Star Wars qui n'aime pas la science-fiction, le cinéma, la bande dessinée ou le roman. Ce sont des passionnés polyvalents, avec une consommation culturelle plutôt large. »

De par ses inspirations et ses références, l’univers imaginé par George Lucas serait donc un vecteur d’ouverture sur le monde plutôt qu’une passion étouffante, sans fenêtre sur l’extérieur.