Un coup de fouet à la libido

 

Les ventes de boules de geisha multipliées par deux entre fin 2011 et fin 2012 : pour les « love stores » Passage du désir, l'influence de Cinquante nuances de Grey est claire. « Dans les deux mois qui ont suivi la sortie du livre, nous avons vu une hausse globale des ventes de 30 %, chiffre Patrick Pruvot, cofondateur des boutiques. Ce sont les fouets, les cravaches, les boules de geisha et les rubans de bondage qui ont le mieux marché. » Toutefois, les Français sont loin d'être tous convertis au BDSM : « Nous n'avons pas vu débouler plein de gens », reconnaît Miguel, du magasin Dèmonia à Paris, spécialisé dans le BDSM. Pour lui, les ventes liées au succès de la trilogie érotique ont plutôt eu lieu dans des magasins plus grand public et ont concerné surtout des petits accessoires inoffensifs : « Les gens ne cherchent pas à s'équiper comme Christian Grey, mais veulent plutôt des choses discrètes que l'on peut cacher sous le lit. »

 
 
 
J'explose subitement en un orgasme à m'en faire disjoncter le cerveau. Une jouissance qui stupéfie tous mes sens, effaçant tout ce qui se passe à l'extérieur de mon corps tandis que je me tortille en gémissant. Oh, merde, c'est venu si vite.

Cinquante nuances plus sombres, Tome 2

 

Janine Mossuz-Lavau

Cinquante nuances de Grey a permis de se rendre compte que les femmes n'avaient pas forcément envie de faire l'amour dans un lit sur pétales de roses, et que quelques épines sur les roses étaient les bienvenues.

Alexia Bacouel, fondatrice du Cabinet de curiosité féminine

 
 

Le SM est donc à la mode. Mais le SM gentil, sans douleur. Ce que les pros pourraient qualifier de « vanille ». « Les couples qui font du SM vanille, c'est du SM quand même, estime Miguel. Toutes les pratiques dont parle le livre impliquent passion et confiance. Cela donne envie de vivre une sexualité différente et plus intense. »

 
 
Video Audrey Chauvet / Montage Thomas Lemoine
 
 

Pour Ava Oiknin, qui anime des ventes de sex-toys pour la marque Fun Factory, le principal impact du livre a été de décomplexer les femmes par rapport à leur plaisir : « Ce que j'ai constaté pendant les réunions, c'est que les nanas s'autorisent le plaisir quel qu'il soit. Elles ne se demande plus si elles sont normales quand elles ont du plaisir à se faire fesser ou à être soumises. » Même constat pour Alexia Bacouel, qui anime des ateliers sur la sexualité au sein du Cabinet de curiosité féminine : « Pas mal de lectrices ont dit que ça avait permis de booster leur libido ou d'avouer à leur partenaire qu'elles avaient envie de tester les jeux BDSM. » La lecture des aventures de Christian et Anastasia a ainsi permis « un déverrouillage qui incite les femmes à se poser la question : "Qu'est-ce que j'aime, qu'est-ce qui me rend folle d'excitation ?" », estime Elisa Brune, auteure de La Révolution du plaisir féminin (éd. Odile Jacob).

 
 

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22,7% des femmes ont déjà eu recours à des sextoys pour stimuler leur sexualité. Ce chiffre monte à 29,5% chez les 35-44 ans.


 

Sondage YouGov pour 20 Minutes, réalisé sur 1.019 personnes âgées de 18 ans et plus, entre le 5 et le 7 décembre 2014, selon la méthode des quotas.

 

Conséquence de cette interrogation, le nombre de couples qui se sont retrouvés sur les divans des psys ou des sexologues a explosé. « Il y a quinze ans, aucun médecin ne travaillait à temps plein en sexologie, note le sexologue Pascal de Sutter. Aujourd'hui, beaucoup doivent refuser des patients tellement la demande est importante. » Le recours à un spécialiste peut être bénéfique, mais il ne faut pas tomber dans l'excès de médicalisation, avertit le médecin : « On veut avoir une sexualité performante, des érections bien raides à 60 ans, jouir de différentes manières... Cela peut représenter beaucoup de pression. »

 
 

« On peut craindre que les femmes soient trop sensibles à un nouveau formatage qui dirait : "Si vous êtes une femme libérée, vous devez aimer les menottes ou les coups de fouet" », renchérit Elisa Brune, auteure de La Révolution du plaisir féminin (éd. Odile Jacob). Il faut surtout rester centré sur soi et écouter ce qui nous excite nous, et pas la voisine. » Acheter des sex-toys ou fréquenter des clubs libertins est maintenant avouable, mais ne doit pas devenir un impératif.

 
 

47.2%
des hommes

35.6%
des femmes

se sentent libres de parler de leur sexualité avec leur entourage proche


23.3%
des hommes

23.5%
des femmes

estiment probable qu’ils utilisent des sex-toys ou accessoires avec leur conjoint

 

Sondage YouGov pour 20 Minutes, réalisé sur 1.019 personnes âgées de 18 ans et plus, entre le 5 et le 7 décembre 2014, selon la méthode des quotas.

 

D'autant plus que cela entraînerait la sexualité dans un modèle commercial que Sade n'aurait certainement pas apprécié, souligne Jean-Pierre Guéno, commissaire de l'exposition « Sade, marquis de l'ombre, prince des lumières », à l'Institut des lettres et manuscrits : « Aujourd'hui, le mot libertin sert à faire la promotion de clubs échangistes. Le sexe est devenu une marchandise comme une autre », déplore-t-il. Pour le spécialiste du Divin Marquis, associer le sadisme à la vente de menottes est une hérésie : « Sade a ouvert les portes de la sexualité et de l'inconscient, a posé des questions qui fâchent, a contribué à la libération des esprits et des corps. Pas de dogme, pas de pensée toute faite, remettre en question, jouer les provocateurs : c'est son principal enseignement. » Cinquante nuances de Grey n'a peut-être pas révolutionné la sexualité des Français, mais il a contribué à ouvrir les esprits comme Sade voulait le faire en son temps.

 
 

Julia, fan de Cinquante nuances de Grey : « J’ose maintenant plus de choses »

La jeune femme de 27 ans gère la page Facebook « Fifty shades Fans France » qui compte plus de 13.000 like. Elle nous explique comment elle est devenue fan de la trilogie de E.L. James et ce que cela a changé dans sa vie.

« A l’origine, j’ai lu le livre par curiosité parce que ça faisait beaucoup de bruit. C’est l’histoire d’amour qui m’a plu et le côté sombre de Christian, le fait de découvrir son histoire et comment il s’en sort grâce à l’amour qu’il porte à Ana. Je me suis un peu identifiée à elle, comme beaucoup de filles je pense, pour sa sensibilité, sa timidité, les sentiments qu’elle décrit et que je peux ressentir.

Certaines personnes ne comprenaient pas que je puisse lire ça, elles ont pensé que je cherchais quelque chose sexuellement, mais ce n’est pas la partie érotique qui m’a accrochée. Je pense qu’il faut vraiment entrer dans l’histoire et essayer de comprendre le déroulement des choses et comment l’héroïne évolue: ce n’est pas la petite vierge manipulée par le grand patron sadomaso.

Mon mari, avec qui je suis en couple depuis dix ans, n’a pas lu le livre, ça ne l’intéresse pas. Mais Cinquante nuances de Grey a certainement débloqué beaucoup de discussions, d’échanges et de confidences entre filles. Pour moi, cette lecture a fait tomber quelques barrières, j’ose maintenant plus de choses, on peut dire que ma vie sexuelle s’est améliorée depuis la lecture du livre. »

 

Késako ?

L'accessoire est parfois essentiel. Christian Grey fait découvrir à Ana un grand nombre d'objets de plaisir.
Sauriez-vous vous en servir ?

Survolez les objets pour tout savoir


Boules de Geisha

Muscle-moi...

Elles devraient être remboursées par la Sécurité sociale : les boules de geisha sont l'instrument idéal pour renforcer le périnée, le muscle de l'orgasme.

« J'ai la tête qui tourne. Je suis au-delà de toute excitation à la sensation des boules qui poussent et tirent dans mon sexe. »
(Cinquante nuances plus sombres, tome 2)

Boules de geisha,
Fifty Shades of Grey,
29,83€


Plumeau

Caresse-moi...

Avant de passer aux choses sérieuses, une caresse légère comme une plume, pour chatouiller juste où il faut.

« Ma déesse intérieure, enveloppée d'un boa en plumes roses et en diamants, pavane sa camelote sur des talons de salope. »
(Cinquante nuances plus sombres, tome 2)

Plumeau Tease,
Fifty Shades of Grey,
14,02€


Masque

Cache-moi...

Derrière mon loup, je fais ce qui me plaît... Incognito, on ose plus de choses. Le masque est magnifique.

« Un liséré de ruban argenté en souligne le tour et un exquis filigrane argenté entoure les yeux. (...) Ces accessoires sont, d'une certaine manière, très libérateurs, ajoute-t-il en haussant un sourcil. Oh. Ça peut être amusant. »
(Cinquante nuances plus sombres, tome 2)

Masque vénitien,
Fifty Shades of Grey,
15,40€


Pince têtons

Pince-moi...

La frontière entre douleur et plaisir est souvent fine. Chacun peut tester ses limites avec des petits pincements coquins.

« Il tient mes poignets dans la main gauche, pendant que l'autre parcourt nonchalamment – presque insolemment – mon corps, en faisant un crochet par mon téton pour le pincer. Je glapis ; une bouffée de plaisir, courte et intense, me transperce jusqu'au sexe. »
(Cinquante nuances plus claires, tome 3)

Anneaux pour seins,
Fifty Shades of Grey,
11,95€


Menottes

Attache-moi...

La contrainte peut avoir du bon. Mains menottées, on n'a pas d'autre choix que de se laisser faire.

« Il détache une des menottes et mes bras s'écroulent vers l'avant. Ma tête se balance sur son épaule et je suis perdue, abandonnée aux sensations qui me submergent. Je ne suis que halètement, désir épuisé et abandon doux et bienvenu. »
(Cinquante nuances plus sombres, tome 2)

Menottes métal
You.Are.Mine,
Fifty Shades of Grey,
16,00€


Vibromasseur

Fais-moi vibrer...

C'est un classique dont on ne se lasse pas. A utiliser seul ou à deux, le vibro est un TGV de l'orgasme. Qui n'empêche pas d'apprécier aussi les balades en petit train.

« Il prend mon visage dans ses mains et m'embrasse, sa bouche envahissant la mienne, et je perçois un vague clic. Aussitôt le godemiché se met à vibrer – en moi ! Je suffoque. La sensation est extraordinaire – au-delà de tout ce que j'ai pu ressentir jusque-là. »
(Cinquante nuances plus sombres, tome 2)

Vibro Deep within,
Fifty Shades of Grey,
45,09€


Martinet

Fouette-moi...

Pour débuter avec un martinet, mieux vaut en choisir un avec beaucoup de lanières, la douleur sera moins vive.

« Debout, les yeux bandés, je le supplie en tirant sur mes mains liées au-dessus de ma tête, attachées à la grille du plafond. Le martinet me mord les fesses. — S'il vous plaît, qui ? Je tressaille. — S'il vous plaît, monsieur. »
(Cinquante nuances plus claires, tome 3)

Fouet lanières
Please, Sir,
Fifty Shades of Grey,
24,95€

Illustration Maureen Cros