Roland Birou

54 ans, détenu à Moulins (Allier)

Condamné à perpétuité pour braquage et tentative d’assassinat

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AFP

Roland Birou a été condamné pour avoir participé au braquage d’un fourgon de la Brink’s à Bordeaux en 1999


«Quand on évoque les erreurs judiciaires, on parle toujours de Patrick Dils, de Loïc Sécher et de Marc Machin, explique Sylvain Cormier, l’avocat pénaliste lyonnais qui chapeaute le projet. Mais pour les dix détenus ayant bénéficié d’une procédure en révision, combien pourrissent encore en prison?» Peut-être déjà les quatre «cas» qu’il a choisis pour lancer son association. Il y a donc Amandine*, condamnée à 12 ans de prison pour avoir tué son bébé ; Gérard Himbert, détenu à Nîmes (Gard) pour avoir violé trois mineures ; Roland Birou, un braqueur de banque qui a pris «perpète» et Daniel Massé, chef d’entreprise condamné, lui, pour avoir envoyé un colis piégé à un ancien associé.

«On commence à se plonger dans leurs dossiers, raconte Marie Doux, l’une des étudiantes lyonnaises qui participe à l’aventure en s’occupant du dossier d’Angélique. On prend connaissance des faits. On analyse. Et on tente déjà de repérer s’il n’y pas eu des failles lors de l’enquête.» Un témoignage oublié, un indice délaissé. Ou même une analyse technique défectueuse. En vingt ans, le Projet Innocence américain a réussi à faire libérer plus de 1.000 détenus condamnés à tort. Dont 30% grâce aux progrès de la science sur les ADN. «Nous comptons beaucoup sur cela pour le cas de Daniel Massé, avance déjà Sylvain Cormier. On est capable aujourd’hui de retrouver des empreintes sur des éléments brûlés alors qu’on ne pouvait pas le faire lors de son procès, en 2003.» Il est peut-être temps de demander une nouvelle analyse du colis explosif qui a pété au visage de son associé et de sa femme, un beau matin.


Gérard Himbert

70 ans, détenu à Nîmes (Gard)

Condamné à 15 ans pour «viols sur mineurs» par personne ayant autorité

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Dominique Faget / AFP

Condamné pour «viols sur mineur», Gérard Himbert est détenu à la prison de Nîmes (GARD)


 

Car le salut des condamnés à tort passe nécessairement par ce que les juristes appellent «l’élément nouveau». Un fait qui était inconnu lors du procès mais qui, une fois révélé bien plus tard, peut finalement faire pencher la balance de la justice de l’autre côté. Roland Agret connaît bien le sujet. En 1970, il est condamné pour meurtre à 15 ans de prison. Incarcéré, il prend alors son corps en otage pour faire reconnaître son innocence. «En détention, je me suis coupé deux doigts que j’ai envoyés au ministère de la Justice, j’ai avalé des manches de fourchettes et j’ai fini par faire une grève de la faim», raconte-t-il aujourd’hui. Cela n’a servi à rien! Ce n’est finalement qu’après sept ans de procédure et surtout les aveux du véritable coupable que sa condamnation est annulée et son procès révisé.


Daniel Massé

59 ans, détenu au Muret (Haute-Garonne)

Condamné à 25 ans de prison pour tentative d’assassinat

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Comité de soutien à Daniel Massé

Daniel Massé attend beaucoup des progrès de la science sur les ADN pour faire établir son innocence


 
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Jacques Demarthon / AFP

Sylvain Cormier, l'avocat qui pilote le Projet Innocence

Dire "les juges sont des cons!" ne suffit pas à les sortir de cellule

Sylvain Cormier


 

«Dès le début de la procédure, nous alertons nos ‘’clients’’ sur l’importance de cet élément nouveau, explique Jenny Pouvreau, une autre étudiante qui travaille sur le Projet Innocence. S’il n’y a rien de neuf, la justice ne bougera pas!» Sylvain Cormier abonde dans son sens. «La plupart des détenus pensent toujours que les juges n’ont rien compris et qu’ils se sont trompés. Ce n’est pas si simple. Dire ‘’les juges sont des cons!’’ ne suffit pas à les sortir de cellule.» Peu encline à reconnaître ses erreurs, la justice a tout de même fait un geste cet été en modifiant le fonctionnement de la Cour de révision, seule habilitée à annuler les condamnations. Promulguée le 20 juin, une loi prévoit désormais pour la Cour la possibilité d’ouvrir une enquête afin de rechercher un élément nouveau. Auparavant, il fallait trouver tout seul cet élément nouveau pour que la Cour puisse rouvrir l’enquête, détaille Sylvain Cormier. Cela n’a l’air de rien, mais c’est un changement de cap à 180 degrés pour nous.»


Le chiffre
10M€

C'est le montant qu'a versé l'Etat en 2012 aux victimes de détentions provisoires injustifiées